Les grandes ondes au placard

11 janvier 2017. Voici la date annoncée la semaine dernière par la Ministre de la Culture norvégienne Thorhild Widvey pour l’arrêt de la radio FM dans son pays. Région par région, celle ci devra disparaître totalement à la fin de l’année 2017. La nouvelle n’est pas étonnante pour le pays scandinave qui ne compte plus que cinq radios diffusant en grandes ondes. Les vingt-deux autres radios nationales émettent grâce à une technologie encore peu répandue en France : la radiodiffusion numérique terrestre (RNT).

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Transistor analogique « Akkord Peggie » de 1975

Depuis 1995 la RNT s’est développée en Norvège, pays pionnier de cette technologie qui utilise le système du Digital Audio Broadasting (DAB), devenu DAB+ en 2007. Ses avantages sont nombreux : un coût de diffusion jusqu’à huit fois moindre comparé à une diffusion FM, une meilleure qualité sonore et une couverture plus complète du territoire. Ces arguments ont convaincu la population norvégienne dont plus de la moitié écoute quotidiennement la radio grâce à cette technologie. Contrairement à la France où seules trois villes sont couvertes depuis juin 2014 par la RNT (Paris, Marseille et Nice), la quasi totalité du territoire norvégien (99,5 %) est susceptible de recevoir la radio numérique terrestre. Ni les radios du service public, ni aucune grande chaîne privée ne diffusent en DAB en France.

Un retard dû au lobbying 

Pourquoi la France est-elle si en retard face à d’autres pays européens pour le développement de la RNT ? Les grands groupes radiophoniques français que sont Radio France, Lagardère, NRJ Group, RTL Group et NextRadioTV, estiment inutile d’investir dans ce nouveau moyen de transmission et concentrent leurs efforts dans la diffusion de leurs antennes sur internet. En réalité, se diriger vers la RNT impliquerait d’ouvrir le marché radiophonique à de nouveaux concurrents. La bande FM, depuis sa création en 1954 en France, en passant par son ouverture en 1981, est totalement saturée, ce qui accorde aux grands groupes un monopole assuré. Le développement d’internet a d’ores et déjà favorisé l’apparition d’une multitude de nouvelles web-radios : elles étaient plus de 9200 en France en 2013 et ce chiffre augmente d’année en année. Et si la RNT est aussi méconnue du grand public en France c’est également car les grandes enseignes de distributions ne vendent pas les récepteurs adéquats.

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La transition vers la RNT, bien qu’elle nécessite des coûts d’investissement importants, permettrait aux radios de réduire considérablement leurs frais de diffusion et de consacrer leurs budgets au développement et à la qualité de leurs contenus. Peut-être favoriserait-elle également la mise en oeuvre de la radio du futur : une radio augmentée de contenus audiovisuels qui trouvent aujourd’hui leurs places sur les récepteurs radiophoniques tel que les tablettes, smartphones, téléviseurs … Sans oublier les voitures, dont les modèles hybrides intègrent des écrans et sont capable de recevoir le DAB.

 Le passage à la télévision numérique terrestre (TNT), opéré en France dès 2005, est sur le point d’enterrer la télévision analogique et les téléspectateurs ont totalement intégré ce système de réception. Ne reste plus qu’à parier sur le nombre d’années nécessaires avant que ce ne soit le cas pour la radio numérique terrestre française.