Ces sondages qui masquent les programmes des candidats

Les sondages rythment la course à l’élection présidentielle américaine. La crédibilité de ces « polls » varie grandement selon la façon dont ils sont réalisés. Les médias ont donc un rôle à jouer en sélectionnant les plus pertinents. 

Quatre débats, quatre sondages. À chaque fois un vainqueur désigné par les médias qui s’appuient sur ces « polls ». Face à leur prolifération, le travail des journalistes consiste à choisir les plus opportuns pour aider les électeurs dans leurs choix. De l’extérieur comme de l’intérieur du pays, certains se réfèrent aux sondages pour suivre l’évolution du duel entre les deux hommes.

Au sortir du débat, plusieurs enquêtes fleurissent sur la performance orale des protagonistes, occultant le plus souvent les différents axes des programmes ou de s’attarder sur les programmes des deux candidats. On assiste alors à une bataille plus esthétique que politique. Le candidat qui a été le plus persuasif aux yeux des spectateurs s’est vu crédité d’une meilleure image. Celle-ci s’en trouvera alors dotée d’un plus grand pourcentage dans les nouveaux sondages qui seront effectués.

Fox News reprend le sondage d’un FastFood

Les journalistes ont un véritable rôle à jouer dans l’utilisation de ces « polls ». Cependant, les enquêtes ne sont pas toujours crédibles. Récemment, les médias américains dont Fox News ont rendu publique un sondage pour le moins peu sérieux. Un FastFood a cherché à déterminer qui d’Obama ou de Romney plaît le plus aux Américains : the 7-Eleven Coffee Cup Poll. Au moment de prendre sa boisson, le consommateur doit faire un choix entre les deux candidats pour savoir lequel ornera les contours du gobelet. Il s’avère que c’est Barack Obama qui remporte la bataille avec 58% contre 42% pour le candidat républicain. Dans un de ses programmes, la chaîne américaine a utilisé cet exemple comme source pour donner un aperçu du vote.

Des « polls » plus crédibles

Les médias importants ont cependant les moyens de réaliser par eux mêmes, ou de demander à des agences spécialisées, des enquêtes plus conformes à la représentation électorale du pays. Mieux, certains sondages sont ciblés sur les « Swing States », ces Etats susceptibles de faire pencher la balance en faveur d’un des deux candidats. Focalisés sur les questions brûlantes comme l’économie ou l’immigration, ils s’attardent sur les populations les plus touchées par ces sujets. Ces « polls » ciblés sont de plus en plus fréquents et offrent une plus grande visibilité sur les enjeux clés et les Etats qui peuvent basculer pour Barack Obama ou Mitt Romney.

Les sondages sont aujourd’hui utilisés par les médias pour donner la tendance actuelle des deux opposants dans l’opinion générale. Bien qu’ils ne soient qu’une illustration grossière du point de vue de la population, les journalistes ont souvent tendance à utiliser ces résultats pour conclure de manière parfois hâtive l’avancée ou le retrait en pourcentage d’un des deux candidats. La couverture médiatique des élections présidentielles américaines oscille entre abondance de chiffres et analyse peu pertinente des programmes des différents protagonistes.

Texte rédigé par Aurélien Casanova et Victor Chini

« Fox News Radio » à l’heure des réseaux sociaux

Plus connu avec sa chaîne de télévision, « Fox News » est également présent sur les ondes. En pleine mutation vers le multimédia, cette radio américaine n’a pas manqué le virage du numérique. A travers l’exemple de différents outils, voici une présentation de l’évolution de « Fox News Radio » à l’heure des réseaux sociaux.

 

« On n’a pas le choix, on est obligé d’aller sur les réseaux sociaux parce que si on n’y est pas, on y est mais ce n’est pas contrôlé par nous. » La phrase du délégué aux réseaux sociaux de Radio-Canada, Nelly Brière, est explicite. Les radios ont mis en place des stratégies sur les réseaux sociaux. Par choix et surtout par nécessité pour se préparer au scrutin. A mesure que la campagne avance, la bataille de l’audience s’intensifie entre les différents médias. Pour preuve, la couverture médiatique impressionnante proposée aux auditeurs du monde entier. L’ensemble des radios d’information ont densifié leur programmation le soir des débats entre les deux candidats. Live, analyse, spécialistes : le show peut commencer. Les prestations respectives de Mitt Romney et Barack Obama sont suivies de près. Ajouter à cela les traditionnelles podcasts pour vivre, revivre ou analyser chaque programme. Rien de révolutionnaire dans le texte. Mais l’avènement des réseaux sociaux et des nouvelles technologies associées ont contraint ces stations à se diversifier dans l’ère du multimédia.

La nouvelle mode « Twitter »

 

Il est devenu un passage obligé pour l’ensemble des médias modernes. En l’espace de quelques mois, la folie Twitter a envahi l’échiquier médiatico-politique. Chaque média possède son compte personnel. La puissance de ce réseau social permet aux radios de se faire connaître et de faire circuler encore plus aisément l’information. « En fait, on va aller sur Twitter pour déclencher l’intérêt, déclencher des conversations, connaître l’avis de l’internaute de sorte à augmenter notre interaction », confie Nelly Brière.

Stratégie de communication ou support d’information, la « Twittosphère » enfle. Ce n’est donc pas une surprise de voir l’ensemble des radios jouer le jeu aux Etats-Unis, pays comptant le plus d’abonnés. « Fox News Radio », « National Public Radio » ou encore « Voice of America » pour ne citer qu’elles : aucune radio n’échappe à cette nouvelle mode. Et visiblement, les 140 caractères de Twitter ne suffisent pas à tout le monde, les autres réseaux sociaux sont tout aussi utilisés.

Présence importante sur « Facebook »

 

 

Plus de 15.000 likes, des publications quotidiennes, « Fox News Radio » s’est fait une place au cœur du phénomène Facebook. La radio diversifie les genres : que ce soit la participation des auditeurs ou encore la publication des derniers articles partagés avec la partie télévisuelle du groupe.

« Avec Facebook, cela nous permet de guider nos adeptes et d’être en conversations avec eux afin de savoir ce qu’ils veulent. C’est un plus », confirme Nelly Brière. De quoi proposer des usages variés qui ne font pas pour autant oublier les traditionnelles photos ou vidéos. Le tout en rendant les débats sur les ondes beaucoup plus riches. Après Facebook et Twitter, « Fox News Radio » s’est installé dans le réseau Google +. 

« Google + » n’est pas en reste

En manque de reconnaissance en France, « Google + » s’impose aisément chez nos voisins américains. Par conséquent, les radios y accordent beaucoup d’importance. A l’image de sa présence sur Facebook, « Fox News » s’est doté d’une forte existence sur Google +. Même fonctionnement que sur le réseau de Mark Zuckerberg, des publications nombreuses et variées. De la vidéo aux commentaires, chaque américain peut suivre l’élection américaine à sa manière.

« Youtube » et la capacité visuelle

« Fox News » s’attache également à soigner son image. La radio américaine utilise intensément Youtube. Du live, des interviews, la radio américaine se pourvoie d’une attractivité visuelle intéressante. Depuis le 2 juin 2010, le groupe a publié 1125 vidéos. Intéressant pour une radio qui peut se réjouir à ce jour d’atteindre le million de vues. Un développement également rendu possible par l’essor des applications sur smartphones.

Le nouvel envol des applications pour mobiles

Ces derniers mois, les ventes de smartphones ont explosé dans le monde entier. Forcément, les radios ont développé des applications variées. Toutes les informations sont en ligne sur votre téléphone. Pas de jaloux, le groupe américain a adapté ses diffusions à chaque marque de téléphonie mobile. Et comme sur les autres réseaux, ce choix nouveau a pour objectif de développer le recours au podcast.

Ainsi, via l’exemple de « Fox News », les différentes radios américaines se sont mises à l’heure des nouvelles technologies pour suivre les élections américaines. Comme nous avons pu le constater, les évolutions mises en marche par chaque société vis-à-vis des réseaux sociaux sont nombreuses. Aujourd’hui, le podcast d’une émission s’échange de Facebook à Twitter en passant par Google +. Le chemin entre la radio et l’auditeur ne passe plus que par le transistor classique. Télévisions, radios et presse écrite, tous ont pris en considération les exigences nouvelles d’un public de plus en plus réactifs et critiques. De quoi provoquer un certain remou au cœur de la sphère médiatique à l’heure de la plus importante des élections mondiales. En somme, « Une guerre des ondes » version temps modernes.

Texte rédigé par Gaëtan Barralon et Jérémy Ecoffet

 

Les blogs d’information côtoient les élections

Les élections américaines sont l’occasion pour les blogueurs avertis de l’Hexagone de publier en masse via les sites journalistiques. Traitement de l’information différente, interactivité… Les blogs présentent de nombreux intérêts pour leurs auteurs comme pour les sites d’information.

 

Capture d’écran de la page de « Blogs » du Monde.fr

La tendance est générale, sur tous les sites d’information en ligne, les élections américaines sont mises en avant. Chaque édition y consacre une page spéciale qui rassemble les derniers articles, des widgets mais également des blogs.

Un site internet propose en général plusieurs blogs traitants de l’élection américaine, chacun avec sa propre thématique. LeMonde.fr, par exemple en compte six. Chaque blog a sa propre thématique. Ils permettent ainsi d’aborder l’échéance électorale sous des angles très différents. Par exemple, l’un d’eux traite les élections sous l’angle des populations latino-américaines, un autre sous l’angle économique et d’autres sur des régions spécifiques des USA.

On retrouve parmi les blogueurs, des rédacteurs aux statuts très différents. On peut distinguer deux types : d’une part les correspondants qui exercent une double activité pour leur édition, celle de journaliste à travers les articles et celle de blogueur à travers les posts. D’autre part, on retrouve des auteurs au statut d’expert dans un domaine bien défini.  On compte par exemple des spécialistes de l’Histoire des USA, ou encore des professeurs d’économie. Chacun traite l’élection à travers son domaine de prédilection. C’est notamment le cas des sites pure players qui reposent sur la contribution de rédacteurs extérieurs.

Des intérêts partagés

Le circuit de l’information est en pleine mutation. Si les journalistes étaient ceux qui rapportaient la parole des experts, diffusaient l’information et n’étaient jamais contestés, aujourd’hui ce modèle change. Les blogs permettent à n’importe qui de diffuser le contenu qu’il veut. Avec le web 2.0, les journalistes ont perdu leur monopole. Les experts en profitent, ils court-circuitent le schéma traditionnel, et n’ont plus besoin de passer par les journalistes pour s’exprimer.  Les sites d’information ont donc tout intérêt à rattacher des blogs à leurs sites.  Ils profitent ainsi de la parole d’experts et de journalistes qui produisent pour eux des contenus inédits. Dans une interview accordée à Espritblog, Nicolas Ernault responsable de la plateforme lemonde.fr explique que le fait d’héberger des blogs spécialistes permet « d’appréhender en profondeur des sujets que l’on aurait pas pu aborder autrement faute de moyens et de temps. » C’est une aubaine économique, d’une part car ce contenu demande peu d’investissement, mais aussi du point de vue de l’audience. L’ensemble des blogs présent sur le site du Monde génère 13% du trafic. Cela contribue à l’e-réputation du journal et confirme sa présence en ligne.

Du côté des blogueurs, être affiliés à un titre de presse leur permet de bénéficier d’une grande visibilité, ils profitent de la vitrine du journal. N. Ernault indique que si les journalistes publient sur des blogs c’est aussi pour pallier au manque d’espace sur le journal ou sur les principales pages des sites d’information. Les blogs fournissent un espace illimité aux journalistes qui peuvent approfondir leurs sujets. C’est notamment le cas des blogs sur les élections américaines avec leurs thématiques spécifiques et leurs publications régulières.

Un blog pour un journaliste est un espace personnel, il est plus libre dans l’écriture d’un billet que dans l’écriture d’un article. À lui de choisir ses sujets et le ton qu’il veut employer. En revanche cette liberté n’est pas sans limites puisque être hébergé par une institution médiatique demande un gage de qualité. « On reste quand même sous la marque Le Monde, la qualité doit être au rendez-vous» comme le confirme le responsable de la plateforme lemonde.fr.

Véritables enjeux pour les médias traditionnels

Les médias ont compris l’intérêt du blog et l’ont intégré dans leurs interfaces web. Prenons comme exemple les sites de Libération, Le Monde, et Le Figaro. Sur ces sites les blogs sont mis en valeur dans des espaces bien précis. Rassemblés dans une même rubrique ils ont ainsi une nette visibilité. La plus-value qu’ils apportent au média est un véritable atout. Les blogs sont une manière de fidéliser un lectorat. Ce dernier est  ainsi en attente de nouvelles publications. Les lecteurs de blogs reviennent donc de manière régulière sur les sites d’information. Dans d’autres cas, des médias s’associent pour couvrir la campagne.  Par exemple, France Inter a conclu un partenariat avec le HuffingtonPost français. Des blogueurs du site interviennent directement à la radio pour commenter les évènements liés aux élections. Les médias traditionnels ouvrent la parole à des acteurs du web. Les nouvelles technologies permettent aux médias de l’interactivité et une visibilité plus importante.

Camille André-Poyaud, Julie Clément, Gaëlle Michineau et Anne-Yasmine Machet.

 

 

 

Quand Instagram se met au service de la campagne

La NBC News, l’ABC World News et le Washington Post ont décidé de surfer sur la vague des nouvelles pratiques journalistiques pour les élections presidentielles américaines. Les trois médias ont équipé leurs reporters d’Iphone 4S dotés de l’application Instagram. Le but : suivre au jour le jour les candidats, les photographier, et partager instantanément leurs clichés sur la toile. Coulisses, débats et réunions, la campagne présidentielle américaine n’a plus de secret pour le Web 2.0. 

washingtonpost From White House reporter@amyegardner1:
« A sea of soldiers at Fort Bliss holding up camera phones to catch the president. »
#2012unfiltered#FtBliss#Obama

A chacun son candidat

Dans chacune des rédactions de la ABC, NBC et du Washington Post, un journaliste est chargé de suivre les candidats à la Maison Blanche au jour le jour dans leur traversée des 52 états. Il n’y a que lorsqu’ils dorment que Mitt Romney et Barack Obama ne sont pas sous l’oeil d’Instagram. Pour le Washington Post, c’est Amy Gardner qui côtoie le Président sortant. Elle poste ses photos via son Webstagram et ne cesse de tweeter en temps réel sur la campagne. Philip Rucker a lui été choisi pour couvrir la campagne du côté républicain. N’hésitant pas à ajouter un trait d’humour à l’américaine, le journaliste du Washington Post détaille en images le circuit emprunté par Mitt Romney et sa femme. Au travers de son webstagram, on découvre une Amérique telle qu’on se l’imagine en regardant la télévision : nationaliste, gourmande et piquante. Du meeting au repas, le journaliste n’oublie pas d’immortaliser également les citoyens étasuniens qui se lésinent pas sur les moyens pour soutenir leur candidat favori.

 philiprucker Your coal country#CampaignFashionReport

Les colistiers ne sont pas en reste. Personnalités incontournables dans la course à la Maison Blanche, les secondes têtes de liste font elles aussi campagne pour soutenir leur candidat. Paul Ryan, disciple de Mitt Romney, est suivi depuis les premiers meetings par Alex Moe, journaliste de la NBC.

Immédiateté vs. travail approfondi

Cette possibilité qu’ont les journalistes, de prendre des scènes sur le vif et de les publier immédiatement, ne fait que renforcer une idée de scoop et l’attrait du lecteur. Aujourd’hui, dans le monde du journalisme tout doit se faire avec une contrainte principale : le temps. Il faut toujours aller plus vite, et des outils technologiques innovants comme Instagram permettent de servir positivement le métier. 

Pourtant, l’application pour smartphone a ses limites, et le duplex de Laurence Haïm, pour le Petit Journal, en direct de Boca Raton (Floride) en est un exemple éloquent. Lors du débat du lundi 22 octobre sur la politique étrangère, les journalistes étaient “parqués” sans possibilité d’approcher les candidats. Christine Ockrent, interrogée par Yann Barthès, définit même son lieu de travail temporaire comme “une grande cage médiatique” d’où les journalistes pourront suivre le débat. 

Capture du site de Pete Souza (petesouza.com) – The Rise of Barack Obama “in his temporary Senate office.”

 En effet seul, Pete Souza, le photographe officiel de Barack Obama, a été autorisé à approcher le président durant les 48 heures précédent le débat. Les autres journalistes, dont ceux qui utilisent Instagram, étaient en “close press”. La raison de cette faveur est que Pete Souza directement payé par la Maison Blanche.

Autre limite : la frontière entre profession et vie privée des journalistes sur Instagram. Noyés au milieu de photographies de Romney ou Obama, on trouve des clichés du dernier “cheeseburger” avalé par le journaliste, ou de son fiston avec sa casquette à l’envers. Bref, aucun rapport avec la campagne présidentielle. L’internaute qui pense tout savoir, en image, sur son candidat favori se retrouve finalement un peu déçu.

Une “story-picturing” à ses balbutiements ?

Le bloggueur français, Jean-Noël Chaintreuil, voit en cette couverture médiatique comme “un point de vue unique et multiple sur ces élections US 2012”. L’histoire de la course à la Maison Blanche racontée en images est selon Chaintreuil, une “story-picturing”. Il ajoute : “je reste persuadé que l’utilisation d’Instagram n’est qu’à ses balbutiements”.

Slate.fr a d’ailleurs titré “Instagram : les photographes de presse ont tout à gagner à s’y mettre”. Ici, Heather Murphy s’oppose aux idées du journaliste Nick Stern, et de son article “Les photos d’Instagram leurrent ceux qui les regardent”. Selon lui, Instagram s’apparenterait à de la tricherie : “avec une application qui ne coûte pas plus de 1,99$, n’importe qui peut devenir photographe . Tout le monde peut créer des images dramatiques et émouvantes avec des filtres, du vignettage et des mises au point automatiques”. Au contraire, pour la journaliste de Slate, Instagram est “une communauté de millions de passionnés de photo, impatients de s’enrichir de leur travail et des standards les plus rigoureux du journalisme”.

La peur des photographes de presse vis-à-vis de la plateforme serait la même que celle de la plupart des gens face à Internet dans les années 1990. Il s’agit finalement d’une peur de la nouveauté mais aussi celle de voir sa réputation s’envoler en utilisant de tels outils.

Texte rédigé par Camille Mathoulin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les "Election Centers" des chaînes américaines jouent la proximité avec le citoyen

Sur leurs sites, les chaînes américaines d’information décryptent la tendance politique pour guider l’électeur, et lui accordent une place de choix. Zoom sur les Election Centers de FoxNews et de CNN.

Pour ces élections 2012, les chaînes de télévision s’installent sur Internet. Celui-ci est devenu l’un des supports les plus consultés par les jeunes américains et les plus investis par les candidats. Pour garder l’attention des spectateurs, les chaînes américaines adoptent un rôle de “décodeurs” de l’information. Comment font-elles pour impliquer pleinement le citoyen américain dans l’élection de 2012 ? En lui donnant un sentiment de proximité, avec le futur élu et avec l’ensemble des votants. C’est du moins l’impression que laisse la visite des election centers (centres d’élections) mis en place par les chaînes-phares des Etats-Unis, Fox News et CNN. De véritables bases de données en ligne, qui renseignent l’électeur sur le parcours des candidats et mesurent régulièrement de quel côté penche la balance politique.

Un rapprochement avec les candidats

Pour attirer les internautes, les chaînes CNN et Fox News utilisent des stratagèmes bien précis. La clé de ces techniques repose principalement sur l’interactivité : Internet se prête merveilleusement bien aux infographies et aux mises en pages dynamiques. On cherche à donner au visiteur l’impression qu’il est proche des candidats. Pour ce faire, CNN propose par exemple une présentation détaillée de Barack Obama et Mitt Romney. Biographies, citations, rappels des principales positions politiques, différents liens vers les sites officiels ainsi que leurs comptes sur les réseaux sociaux. L’internaute peut donc consulter en direct depuis le site de la CNN les déclarations des candidats sur Twitter, débattre de leurs propositions sur leurs comptes Facebook ou même, s’il le souhaite, jeter un oeil aux photographies de leurs comptes Flickr. Grâce a l’election center de CNN, l’internaute peut donc savoir en un coup d’oeil ce que les deux candidats diffusent sur la toile.

                                                  Les tweets des candidats sur l’election center de CNN

Mieux encore, la chaîne incite les visiteurs à débattre sur les grands sujets de société soulevés lors de la campagne en incluant une fenêtre Facebook sur chacune de ses pages.

Autre chaîne très populaire aux Etats-Unis, Fox News met à disposition une carte interactive recensant leurs différents déplacements. Baptisé Candidate Tracker, cet outil permet de savoir en un clic à quel endroit tel candidat se trouvait hier, et mieux encore, où il se trouvera demain. Tout est mis en place pour que l’internaute se sente proche de son candidat, l’accompagne dans tous ses meetings et suive en direct de chacune de ses déclarations.

Carte interactive de déplacements des candidats (Fox News)

 

Des citoyens invités à donner leur avis

Les sites internet de CNN et de Fox News se veulent très didactiques. Les articles longs et complexes sont moins mis en valeur au profit de nombreuses infographies, de sondages et de cartes interactives. La vidéo n’est pas pour autant mise de côté, les deux chaînes redoublant d’inventivité pour continuer d’intéresser leur public aux élections américaines. Chez Fox News, l’election center propose une rubrique dans laquelle un citoyen lambda peut mettre en ligne une vidéo où il présente chacune des préoccupations de son état. Des paroles d’anonymes qui permettent de coller au plus près de la réalité des foyers. CNN a quant à elle décidé de donner la parole à ses téléspectateurs étrangers. Plus original que chez Fox News, l’election center de  CNN entend donner une image internationale à la chaîne. Ainsi, ce sont des citoyens philippins ou encore suédois qui reviennent sur la course à la Maison Blanche. Autre manière de connaître l’avis des lecteurs : les laisser faire leurs propres prédictions. Les lecteurs peuvent pronostiquer le candidat gagnant dans chaque Etat grâce à une carte interactive. Chez Fox News, le principe reste le même mais l’infographie diffère. L’internaute doit faire glisser une étiquette portant le nom de chaque état dans la colonne représentant un candidat. Les grandes chaînes de télévision américaines ont vraiment joué la carte de la participation et du divertissement pour tenter d’intéresser un maximum de personnes aux élections.

Des extras qui donnent la parole aux internautes

Dernières initiatives de la chaîne : l’« Open Mic » et la « Postcards from ». L’election center de CNN jongle entre contenu vidéo et contenu écrit, jouant à fond la carte du multimédia. L’« Open Mic » est une série de vidéos ludiques où des habitants du monde entier se succèdent au micro de CNN pour donner leur point de vu sur les candidats et les sujets abordés lors de ces élections.

“Open Mic” (CNN)

Pour la « Postcards from », ce sont des rédacteurs qui expliquent aux américains comment leur présidentielle est perçue dans le reste du monde. Sur les deux chaînes, les journalistes ont bien senti l’intérêt que portent les citoyens aux élections et c’est avec une collaboration bien maîtrisée que les électeurs prennent la parole.

Les sondages sont aussi des outils mis en avant dans les election center des deux chaînes. Pour Fox News, c’est en direct qu’ils sont réalisés. Les lecteurs peuvent directement répondre à des questions sur la page d’accueil de l’election center. Un bon moyen pour la chaîne de réaliser ses propres pronostics et de faire vivre l’information en temps réel.

Un sondage sur la balance du pouvoir au Congrès (Fox News)

Connaître l’opinion de ses concitoyens

Et les résultats de ces sondages plus ou moins fiables sont directement diffusés auprès des citoyens. Le site de CNN dispose ainsi d’un Polling center (centre de sondages). Les résultats des sondages y sont affichés quotidiennement sous forme de barres de progression ou de diagrammes circulaires. Chacun concerne un État, un thème précis, ou encore un grand moment de la campagne. Mais pour mesurer la popularité des candidats et satisfaire la curiosité de l’électeur, CNN utilise le Facebook insight. Une carte qui permet de savoir qui, de Romney ou d’Obama, est le plus cité sur le fameux réseau social, selon, entre autres, l’âge des commentateurs, leur sexe, leur région d’origine. C’est donc un outil non négligeable pour que l’électeur puisse s’identifier à une “classe” de votants.

“Facebook Insights”, pour savoir quel candidat alimente les conversation autour de vous (CNN)

Les pronostics du vote dans le Wisconsin (CNN)

Chez Fox News aussi, on diffuse les résultats déjà connus. Sur la page d’accueil de l’election center, un graphique montre l’évolution de la tendance politique au fil des mois. Dans d’autres onglets, la chaîne affiche les résultats des fameuses “prédictions des internautes”, ou met en valeur les thèmes de campagne que ceux-ci ont plébiscité. Et offre un point de comparaison de la tendance politique des Etats-Unis dans le temps : elle rappelle les résultats de chaque élection depuis… 1988. Avec une place toute particulière accordée aux données de 2008. Dans la tête de l’électeur, la comparaison n’est pas anodine, le vainqueur de cette élection étant Barack Obama, de nouveau impliqué dans l’édition 2012. Bien sûr, Fox News n’oublie pas d’indiquer à ses spectateurs la popularité de chaque candidat sur les réseaux sociaux, et décompte les “mentions” de leur nom sur Twitter et Facebook.

L’évolution de la balance politique depuis avril 2011

Et pour que le votant puisse s’identifier à “ceux de ses pairs qui expriment leur avis”, Fox News leur donne un visage. Parmi les vidéos proposées par la chaîne, on trouve une analyse sur la façon dont votent les femmes après le second débat, ou un point sur les actions de ceux qui s’adressent aux “voteurs indécis”. Là encore, tout est fait pour que l’électeur se sente concerné et se reconnaisse dans une opinion.

Le deuxième débat a-t-il influencé le vote des femmes dans les “Swing States” ? (Fox News)

Avec les nombreuses infographies et les dispositifs interactifs déployés sur leurs sites Internet, CNN et Fox ont mis les grands moyens pour couvrir les élections américaines. Particulièrement visés par cette campagne, les internautes sont incités à participer, à débattre, à voter et à établir eux-mêmes leurs pronostics. Sérieuses, ludiques ou même parfois insolites, ces interfaces se mêlent aux réseaux sociaux pour impliquer le citoyen et lui permettre d’exprimer ses idées.

 Texte rédigé par Léa Bucci, Aurelein Lamy et Chloé Vincent