Afrique connectée, Afrique informée

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Lorsque nous évoquons la crise des journaux papier et des bouleversements du champ médiatique, nous sommes souvent, une fois de plus, centrés sur les pays développés. Qu’en est-il dans les pays en développement et particulièrement sur le continent africain ? Dans ces pays, l’information circule aujourd’hui sur deux supports différents : le traditionnel papier et l’information mobile.

Encore quelques feuilles de papier                   

En Chine et en Inde par exemple, le papier reste roi. Plus de 1 000 journaux différents paraissent chaque jour en Chine et 160 millions de quotidiens sont vendus tous les matins en Inde. À l’inverse, au Maroc, seuls vingt quotidiens (en arabe et en français) paraissent quotidiennement, pour un tirage total de 500 000 exemplaires. C’est vraiment peu pour un pays qui compte 34 millions d’habitants. A titre de comparaison, la presse papier française, qui pourtant ne se porte pas bien, vend tous les jours 6 millions d’exemplaires pour ses 66 millions d’habitants.

Une des explications à ces chiffres est que la liberté de la presse au Maroc reste encore limitée. Le Matin, le principal quotidien appartient à la famille royale, et la presse indépendante est encore largement muselée. Et ce n’est pas le seul pays africain où la liberté de la presse est mise à mal, ou contrôlée exclusivement par les dirigeants politiques. Pour citer un exemple, au cœur de l’actualité depuis de trop nombreux mois, les journalistes nigérians ne peuvent exercer leur travail correctement, Boko Haram les prenant systématiquement pour cible. Les citoyens cherchent alors d’autres manières de s’informer.

L’Afrique, un continent connecté

Le taux d’équipement en téléphonie mobile des pays africains est particulièrement surprenant : au Maroc il est supérieur à 100 %, c’est-à-dire que toute la population possède au moins un téléphone ; sur les 160 millions d’habitants nigérians plus des 2/3 ont un portable ; au Kenya près de 80 % de la population est équipé d’un téléphone mobile. On trouve aujourd’hui sur tout le continent, des smartphones chinois vendus 30 $ ou 40 $ pièce.

Il est alors évident que l’information circule en Afrique essentiellement grâce aux mobiles. Au Kenya, l’application « Star Reports » qui reprend les dépêches du quotidien national The Star est très populaire. Mais point supplémentaire : elle permet aux utilisateurs de publier de courts papiers sur leurs informations locales. De l’information participative comme en rêvent de nombreux quotidiens occidentaux !

Les réseaux sociaux sont également les vitrines et les porteurs de l’information en Afrique. Facebook reste le premier réseau social panafricain avec 100 millions d’utilisateurs sur 200 millions de personnes connectées sur le continent. Le réseau social Sud Africain « Mixit » est aujourd’hui présent dans 128 pays et revendique 50 millions d’inscrits Il n’est pas étonnant que l’on ait découvert le pouvoir des réseaux sociaux avec les révolutions du printemps arabe !

Nombreux sont aujourd’hui les médias occidentaux qui voient en l’Afrique un territoire de développement de leurs supports. Le dernier en date : Le Monde qui vient de lancer son site internet spécialisé : Le Monde Afrique (voir article).

Le Monde à la conquête de l’Afrique

Après avoir constaté que 15 millions de pages du monde.fr étaient consultées tous les mois sur le continent africain, le journal français Le Monde a lancé le 6 janvier dernier une version « Afrique » de son quotidien. Le Monde Afrique, exclusivement en ligne, est pensé pour être consulté sur smartphone, et il est même plus ergonomique sur écran mobile que sur ordinateur.

Le Monde Afrique se penche quotidiennement sur l’actualité des 54 pays du continent et permet également d’accéder au contenu, préalablement sélectionné, du monde.fr sur l’actualité internationale.

Serge Michel, fondateur du Bondy Blog, est à la tête du Monde Afrique, avec une équipe de douze personnes en France et plus d’une trentaine de correspondants locaux basés en Afrique. Et le recrutement de l’équipe s’est essentiellement orienté sur les journalistes présents sur les réseaux sociaux.

LOGO Le Monde AfriqueLe Monde Afrique n’est pas le premier à se lancer sur ce terrain ; Slate Afrique existe depuis 2011, ou encore Le Point Afrique depuis mars dernier. L’AFP a quant à elle décidé de lancer à partir de février 2015 un journal quotidien vidéo de dix minutes centré sur l’actualité du continent africain. Le poids de la radio sur le continent africain est également très important, et les radios françaises l’ont compris : RFI et France 24 ont des audiences cumulées hebdomadaires de plus de 50 % dans les capitales francophones africaines.

À terme, Le Monde Afrique espère atteindre les deux à trois millions de visiteurs uniques par mois. Le lancement se fait en douceur ; aujourd’hui le quotidien n’est suivi que d’à peine 5 500 personnes sur Facebook ou Twitter.

Du qualitatif au quantitatif : entre logique éditoriale et dictature du clic

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Capture d’écran de la page d’accueil du site Google Analytics

A l’heure de la convergence médiatique, un certain nombre d’organes de presse, comme le très prestigieux New York Times, ont indubitablement du mal à négocier le virage du numérique. Particulièrement réputé pour la qualité de ses productions éditoriales, le célèbre quotidien new yorkais n’a, pour l’heure, pas encore trouvé son modèle économique sur le web. Chartbeat, XiTi, Google Analytics : les exigences du web journalisme semblent désormais bien loin de l’unique logique éditoriale. Qu’en est-il de la qualité journalistique sous la nouvelle dictature du clic ?

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Quand les journaux font peau neuve

Si le web n’est pas forcément à voir comme une menace pour le papier, le support print doit néanmoins s’adapter aux nouveaux enjeux. Une situation nomade qui favorise l’utilisation du numérique, de nouveaux supports comme les smartphones, tablettes ou e-paper.  Face à une nouvelle façon de consommer l’information instantanément grâce au web, il devenait urgent pour les journaux d’accoutumer leur version papier.

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