Rue89 lance son nouveau MOOC : la vidéo sur le web

Après son MOOC sur les réseaux sociaux et celui sur le datajournalism, Rue89 lance sa nouvelle édition : écrire et produire une vidéo, les nouveaux formats web et mobiles. Un sujet qui, à l’heure du tout numérique, pourrait en intéresser plus d’un.

C’est déjà le troisième cours en ligne que lance Rue89, en partenariat avec Gen et FirstBusiness Mooc. Le premier était consacré aux réseaux sociaux, et le second au datajournalism. On ne peut constater qu’une chose : rue89 est le meilleur partenaire pour être à la page sur le journalisme de demain. Question anticipation, ce journal en ligne n’est pas en reste. Rue89 proposait déjà des formations aux journalistes, en présence. Mais c’est le premier média à avoir édité des MOOC sur le journalisme en français. La première édition n’était pas simplement dédiée à l’usage des réseaux sociaux, mais surtout à la veille d’information sur ces derniers. Celui sur le datajournalism était quasiment incontournable : cette forme d’expression journalistique est très prisée au sein des médias numériques. Les Décodeurs par exemple, lancés par Le Monde, publient régulièrement des infographies et des graphiques mouvants, qui trouvent leur intérêt sur une interface interactive. Avec ces précédentes formations sur les nouveaux médias, il n’y a rien d’étonnante à ce que Rue89 embraye avec un cours sur la vidéo.

En mars 2014 déjà, la rédaction l’annonçait : l’un des MOOC devait être consacré aux nouvelles formes de narration. Les médias en ligne développant leur service vidéo sont de plus en plus nombreux. Le Monde propose par exemple de courtes émissions, sur un vrai plateau, avec un présentateur et un « expert » de la rédaction. A l’étranger, Vice News a même un partenariat avec HBO. Le média en ligne ne se contente plus de publier des articles. Ce sont de véritables documentaires en plusieurs parties qui sont réalisés, parfois dans des situations dangereuses telles qu’une immersion au coeur de l’Etat Islamique ou une découverte de la production de Cocaïne au Pérou. La vidéo d’information sur internet intéresse le lecteur, et Rue89 l’a bien compris.

Quelques précisions pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans cet apprentissage. L’animateur sera Raphaël Lizambard, journaliste et reporter d’images pour Rue89, L’Equipe TV et TF1. Tous les jours, une vidéo d’une dizaine de minutes présentant un point du cours est proposée. Deux fois par semaine, les « étudiants » pourront tester leurs connaissances avec un QCM. Le MOOC dure quatre semaines. Ceux qui auront payé pourront assister à la cinquième et à la sixième semaine de cours, qui donneront accès à une certification. Durant cette partie payante, les élèves devront écrire le synopsis d’une courte vidéo pour le web. Pas de panique si vous avez raté l’édition précédente : généralement, les MOOC de Rue89 sont réédités. Ce cours commence le 2 mars, les inscriptions sont accessibles ici.

Rue89 clôt son second MOOC

A la fin du mois d’octobre se terminait le cours en ligne (ou MOOC) de rue89, portant sur le datajournalisme. Le dispositif avait été mis en place en partenariat avec GEN et First Business Mooc, deux éditeurs de Moocs. L’objectif était d’apprendre à l’internaute les problématiques, les techniques et les enjeux du journalisme de données. Le cours, d’une durée de quatre semaines, abordait donc les questions pratiques et techniques du sujet. Mais quelles sont finalement les leçons à en tirer ?

« Le datajournalisme, c’est d’abord raconter une histoire »

Voilà une phrase qu’un journaliste web devrait peut-être garder en tête. Le MOOC explique que le datajournalisme n’a pas uniquement pour but de proposer une pléiade de chiffres au lecteur. Malgré l’apparence souvent austère d’un graphique, il faut être capable de le rendre intéressant, attractif. Il est donc important d’approcher les données de façon journalistique et non scientifique. En clair, il faut faire parler les données.

« Sur internet, vous êtes en concurrence avec Facebook et candycrush »

Raconter des histoires d’accord, mais vite alors ! Au détour d’un cours sur la mise en forme d’un graphique, l’intervenant lance cette remarque plutôt surprenante. Une affirmation à rejeter en bloc ? Pas forcément. Celle-ci se justifie par le fait qu’en France, le mobinaute passe en moyenne une heure par jour sur son téléphone. Il suffit de scruter régulièrement les smartphones de ses voisins de métro pour constater que Candycrush a la cote. Quand à Facebook, la popularité du premier réseau social mondial n’est plus à démontrer. Cependant, l’idée est à relativiser. S’il est facile est pratique de lire un article sur son smartphone, afficher un graphique sur un tout petit écran n’est pas toujours faisable. Exemple avec cette illustration publiée dans Le Monde, où les intitulés empiètent sur le diagramme.

diagramme sur Android

On peut donc supposer que le datajournalisme est plus simple à lire sur un ordinateur. Difficile alors d’imaginer que des articles d’actualité s’adressent à des internautes qui passent leur temps sur Facebook et sur la version navigateur de Candy Crush…

“On peut créer des articles type qui seront publiés automatiquement”

En mars 2014, le Los Angeles Times publie un article automatique au sujet d’un ouragan. Les journalistes ont simplement rédigé le « tronc » de l’article, laissant à l’ordinateur le soin de remplir les blancs avec les données : force de l’ouragan, nombre de victimes, date… L’intervenant est très positif et même enthousiaste à propos de cette technique. Mais voilà : une fois que ce « tronc » a été rédigé, à quoi le journaliste sert-il ?  On peut imaginer une salle de rédaction uniquement composée d’ordinateurs, publiant très rapidement des articles tous identiques. Comment feraient-ils alors pour « raconter des histoires » ? Il est étrange que ce MOOC présente cette technique avec enthousiasme. Sans compter qu’il a été rédigé en partie par des journalistes de Rue 89, ceux-là même qui perdraient leur travail si cela venait à se démocratiser.

Le MOOC créé par Rue 89 a le mérite d’apporter gratuitement des outils et des pistes de réflexions utiles aux internautes. Son approche de l’histoire du datajournalisme, de ses différents acteurs et de ses techniques est captivante. Mais il est nécessaire de rester objectif. Plusieurs points de ce cours peuvent être contestables. En effet, si le datajournalisme gagne en popularité sur le web, il n’est pas doté que de points positifs. Son automatisation facilitée peut en faire un danger pour la profession. De plus, centrer un article sur des chiffres ne doit pas être fait au détriment de la partie rédactionnelle… Ou alors le journaliste risque d’être remplacé par un informaticien.

Crowdfunding et médias, les liaisons dangereuses

Le Crowdfunding est de plus en plus utilisé par les médias pour financer leurs investigations.
Le Crowdfunding est de plus en plus utilisé par les médias pour financer leurs investigations.

Le Huffington Post utilise le crowdsourcing et le crowdfunding pour fournir un reportage sur l’après-assassinat d’un jeune noir américain, Michael Brown. En France aussi on n’en est qu’au stade expérimental, mais avec le développement du « journalisme citoyen » le public a pris la parole et entend bien la garder. Des collectifs de journalistes essaient d’imaginer de nouvelles manières d’exercer leur métier. Associer le public au débat était la première étape. Maintenant, ils mettent également la main au portefeuille.

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