Ce n’est plus un secret, la pratique du journalisme a changé avec les nouvelles technologies. Comme le dit Thierry Watine, journaliste et professeur à l’université Laval de Montréal, la question d’évolution ou de révolution n’a plus beaucoup de sens aujourd’hui : c’est un fait que l’on ne peut plus nier. La profession a su franchir le pas et tirer profit de ces nouveaux outils. Ce changement pose également la question des compétences des journalistes dans ces nouvelles technologies. Si les journalistes 2.0 se font « sur le tas », les formations en journalisme tendent elles aussi à suivre le rythme.
Culture numérique, réseaux sociaux, référencement, géolocalisation, production de contenus en ligne, couverture d’informations en temps réel sur le Web, interactions avec l’audience, connaissance du droit de la presse en ligne, édition de vidéos, de photos, enquête en ligne, réalisation de long formats sur le Web… Tant de matières nécessaires au journaliste 2.0 que l’on attend dès maintenant sur le terrain. Ils sont peu mais certains cursus français ont décidé de tout miser sur le journalisme de demain.
Le master Journalisme de Sciences Politiques à Paris
Si la première année est consacrée à acquérir les bons réflexes du journalisme web et mobile, c’est surtout au cours de la deuxième année que l’ère du numérique s’ouvre à eux. Veille et revues de Web, langage et développement numérique, contenus mobiles, start up de l’information, nouvelles narrations… Déjà de quoi bien se familiariser avec le journalisme numérique en première année.
Depuis 2010, les étudiants de première année, accompagnés de leurs aînés, sont propulsés éditeurs en ligne pour une rubrique du site de l’école. La même année, Work In Progress a été lancé pour qu’ils soient face aux mutations du métier dues aux nouvelles technologies. Des projets uniquement dédiés au journalisme numérique et cela ne fait que s’accentuer pour les deuxième années les plus intéressés par le sujet. Le parcours dit « numérique » est là pour approfondir le tronc commun : appréhension des formats éditoriaux spécifiques au numérique, construction de « lives », « fact checking », iconographie en ligne, contenus mobiles, mais aussi journalisme de données, engagement avec l’audience… et développement.
Sur le même schéma, le master de Nouvelles pratiques journalistes de l’Université Lumière de Lyon. Au programme, cultures numériques, création d’une application mobile sur iPad, écriture multimédia, étude des réseaux sociaux, veille et ateliers numériques, écriture d’articles pour le blog universitaire.
Qu’en pense les étudiants ? L’un d’eux a accepter de donner son avis :
C’est une manière d’anticiper les choses, de pouvoir s’adapter plus rapidement si les choses font un virage à 180°. C’est aussi pour ça que les formations sont un peu brouillonnes. On a des cours pour faire des applis, sur des tablettes, sur les CMS, le code, écrire pour le web mais, finalement, on ne sait pas encore à quoi tout cela va nous servir. Cependant, c’est rassurant de savoir qu’on se retrouve un peu armé, attendant qu’une vague journalistique numérique arrive. le numérique a investi les rédactions alors les journalistes se sont adaptés et le journalisme aussi s’adapte. On demande désormais à des journalistes papier de faire du web, de la vidéo, de l’enrichissement, du SEO, du community management… Le numérique, comme on le considère aujourd’hui, précarise un peu plus le métier je pense. Surtout quand on confronte le journalisme web à la culture web du gratuit, aux bloggeurs et autres. Mais les applis mobiles qui permettent de lire les articles sur smartphones au moment même où tout le monde a le regard baissé sur son iPhone font partie des points positifs à relever.
Des nouvelles formations pour préparer au mieux les nouveaux journalistes à traiter des nouveaux médias. Et malgré l’impact considérable que les nouvelles technologies ont sur les médias, ces formations sont encore peu nombreuses, alors il est peut être temps pour les autres de prendre le rythme de l’ère numérique.