La campagne présidentielle américaine de 2008 avait planté le décor : désormais, la couverture des élections, ne peut se faire sans internet. Les médias ont investi massivement la toile, notamment en mettant en place des outils spécialement créés pour le web : présence sur les réseaux sociaux, fact- cheking en direct, pages spéciales présidentielles 2012, GIF (Graphics Interchange Format) animés… Mais ces nouveaux outils ont-ils une réelle fonction dans la couverture de la campagne ou ne sont-ils que de simples gadgets ?
S’adapter aux modes de consommation de l’information
« Plus de quatre Américains sur 10 possèdent aujourd’hui un smartphone, et un sur cinq une tablette. Les nouvelles voitures que l’on fabrique intègrent Internet à bord. Avec cette mobilité vient une plus grande immersion dans les réseaux sociaux » constate le Pew Projet for Excellence in Journalism dans son rapport publié cette année. Toujours selon ce rapport, internet constitue l’unique source d’information pour près d’un tiers des électeurs américains. Les médias outre-atlantique ont donc bien reçu le message : internet permet de toucher un public plus large.
De CNN au New York Times en passant par le Washington Post, tous ont mis en place sur leur site web, des pages spéciales, dédiées à la campagne américaine. Les tablettes e smartphones sont également à l’honneur. Le New York Times a récemment lancé une application mobile, « The non-stop destination for political news« , qui permet de suivre l’élection depuis son téléphone.
Capture d’écran de la page du mobile du NYT
Une rapidité de transmission et une visibilité
Il est donc clair que internet offre aux médias de multiples possibilités. Mais la plus attrayante reste la rapidité de diffusion de l’information, qui fait justement défaut aux journaux papiers. Dans un monde où l’information doit aller vite et loin, Twitter et Facebook ont été rapidement pris d’assaut par la presse américaine et les journalistes. Les comptes spécialement dédiés à la campagne présidentielle ne cessent de se développer. On peut par exemple suivre le débat en « live-tweet », ou les news de la campagne minutes par minutes,…
Les médias comptent également sur le « re-tweet » (message d’une personne, republié par une autre) qui permettra d’atteindre plus rapidement un public encore plus large. L’utilisation des réseaux sociaux permet avant tout au média, d’être visible. À l’air numérique, ignorer les réseaux sociaux, semble plus obsolète que jamais. Posséder un compte Twitter et une page Facebook rend le média plus attrayant, plus moderne, surtout pour les journaux papiers de moins en moins consultés.
Information ludique et journalisme participatif
Mais Twitter et Facebook ne suffisent plus. Les médias cherchent constamment un moyen de se démarquer les uns des autres, de couvrir la campagne d’une façon originale, voir ludique. Pour cela, plusieurs innovations éditoriales ont été mises en place spécialement pour la présidentielle 2012. Ainsi, The Guardian et Tumblr se sont associés afin de diffuser tout au long du débat des GIFs animés. Chaque instant est ainsi mis en GIF et publié en temps réel sur le live du Guardian. Interrogé par le site journalism.co.uk, Chris Mohney, directeur éditorial de Tumblr, considère qu’il faut prendre « très au sérieux le potentiel journalistique du GIF ». Il ajoute que le « live-GIF » est un nouveau moyen de décomposer l’action et le discours des politiques, et ce, en temps réel.
La chaîne américaine CNN a quant à elle misée sur la participation de ses spectateurs. Elle souhaite qu’ils deviennent des «éditeurs de CNN » et « créent leurs propres vidéos virales » sur le débat. Un nouvel outil mis en place sur le site, appelé « clip and share », permet aux spectateurs de sélectionner leur moment préféré, de le couper dans un logiciel de montage ultra simplifié et de mettre ensuite en ligne leur vidéo ainsi montée sur les réseaux sociaux.
Capture d’écran de la page « Clip and Share » de CNN
Faire gagner du temps au lecteur et vulgariser l’information
Internet possède donc bien des avantages, mais il y a un mais. La quantité d’informations que l’on peut trouver sur la toile peut parfois être indigeste pour le lecteur. Trop d’informations, tue l’information, et les médias l’ont bien compris. Ces outils, gadgets et autres dispositifs en apparence amusants sont surtout très simples d’utilisation et les informations y sont très condensées. Les « electoral maps » ou encore les analyses sur financement des campagnes, permettent de gagner du temps mais également de s’informer sans trop d’effort sur des sujets à l’origine très compliqués. NBC a par exemple créé, sur son site, la rubrique Make it personal qui propose aux électeurs une analyse pédagogique des différentes propositions des candidats.
Capture d’écran de la page Mate it personal
Avec plus de 166 millions inscrits sur Facebook, les Américains sont les plus gros consommateurs du réseau social et ils sont également 140 millions à posséder un compte Twitter. Même si l’on peut remettre en question la légitimité journalistique des GIFs ou la crédibilité de l’information sur les réseaux sociaux, ces outils permettent à un plus grand nombre de suivre la campagne, de s’informer et parfois même de participer au débat public.
Texte rédigé par Robin Andraca et Cecile Mantovani