La RTBF teste les citoyens belges


2014 est une année charnière pour la politique belge. Le 25 mai, les citoyens se rendront dans les isoloirs afin de voter pour les Européennes, les Régionales et les Fédérales. Afin de les aiguiller dans leurs choix, la quasi-totalité des grands médias ont mis en place des tests électoraux, une grande première en Belgique. Mais il n’y a que la RTBF, en partenariat avec La Libre et la Dernière Heure, qui propose aux Belges de vérifier leur couleur politique face aux différentes problématiques européennes. 

Le test est simple : pour chaque proposition, vous l’internaute est soit d’accord,
soit pas d’accord, soit sans opinion. (Capture d’écran du site de la RTBF)

Journée de grand dépouillement que sera le 25 mai 2014 en Belgique. Fédérales, Régionales, Européennes… Les citoyens seront fortement mis à contribution afin de réaliser leur devoir électoral. Un devoir qui est plus que moral au sein du plat pays puisque le vote y est obligatoire, et ce depuis 1893. En théorie, une amende entre 30 et 60 euros (puis entre 60 et 150 euros si récidive) est adressée à toute personne ne s’étant pas présentée au bureau de vote. En théorie seulement puisqu’aucune amende n’a été adressée… depuis 2003 ! Finalement, c’est assez logiquement que l’on constate, selon un sondage Ipsos, que la Belgique devrait être l’élève le plus sérieux pour ces Européennes : 53% des sondés ont déclaré qu’ils voteraient « sans aucun doute », alors que la moyenne européenne est de 35%.

Cependant, ces intentions de vote ne représente pas l’intérêt effectif aux Européennes. Un autre sondage Ipsos montre que seulement 37% des Belges s’y intéressent.

 

« L’utilisateur peut découvrir certains penchants qu’il ne soupçonnait pas »
Les fédérales et les régionales attirent plus l’attention des électeurs belges. C’est pour cela que les tests du Soir et de Sudpresse (qui paraîtra bientôt) ne portent pas sur les Européennes. La RTBF, elle, a décidé de tenter le coup. Il suffit de répondre à 20 propositions par « d’accord », « pas d’accord » ou « sans opinion » avant de donner le niveau d’importance que l’on estime sur 12 thèmes, tels que l’environnement, l’immigration, l’élargissement de l’UE ou le système monétaire. À chaque proposition, il est possible d’avoir accès aux arguments pour et contre, qui sont tirés des programmes des principaux partis. Une manière d’orienter l’internaute afin qu’il ait le plus de cartes en main avant de se décider.

Ce Système d’Aide au Vote (SAV) a été élaboré par une équipe de l’Université Catholique de Louvain. Il test peut être réalisé sur tous les supports multimédias connectés : PC, tablette ou smartphone. Le directeur de l’étude, Benoît Rihoux, nous explique comment le test a été construit: « Au départ, nous sommes partis d’une liste bien plus longue où tous les domaines et enjeux principaux étaient pris en compte. Ensuite, les propositions ont été testées dans une enquête menée sur des citoyens lambda. Nous avons aussi discuté avec les partis, notamment concernant la formulation des questions. C’est ainsi que nous sommes tous tombés d’accord sur ces 20 propositions. »

Mais le SAV ne fait pas l’unanimité sur la toile. Sous le hashtag #testelec2014, les utilisateurs sont nombreux à partager puis à commenter leurs résultats, avec plus ou moins de satisfaction.

« Nous avons effectivement reçu quelques retours négatifs concernant le test », admet Benoît Rihoux. « Mais il ne faut pas tout confondre, l’outil est sensible et il reflète une indication, pas forcément l’intention de l’utilisateur. Et puis je crois que certains sont critiqués, car le test a la faculté de faire découvrir à l’utilisateur certains penchants politiques qu’il ne soupçonnait pas ». En effet, ils sont plusieurs à s’interroger assez sérieusement suite à leurs résultats.

Finalement, mis à part une grande émission réalisée en direct qui sera consacrée au SAV en prime time du 14 mai sur la RTBF, les résultats du test ne seront pas utilisés. Une décision qui intervient à la demande des partis, nous indique Benoît Rihoux. « Mais l’outil sera prochainement reconduit pour les écoles. Nous avons noté qu’il pouvait subvenir à de nombreuses fins pédagogiques. Nous comptons aussi l’améliorer pour les années à venir. »

Article rédigé par Kévin Murgue