Journalisme et blog au féminin: portrait de Bassératou Kindo


Bassératou Kindo est burkinabè. Enfant, elle rêve de journalisme en regardant la télévision. À l’époque, elle ne connait pas l’existence de la presse écrite, encore moins celle du web. Pourtant, à force de travail, de rencontres et de voyages, elle est en passe d’accéder à son but. Portrait d’une journaliste connectée et engagée en faveur des femmes à travers les nouvelles pratiques journalistiques.

Dès le lycée, sa passion pour le métier l’amène à frapper à la porte de « L’Express du Faso », le seul quotidien imprimé dans sa ville de l’ouest du pays, Bobo-Dioulasso. Pendant un mois, elle passe son temps libre à observer le fonctionnement d’une rédaction. En 2007, une grossesse l’oblige a arrêter ses études, elle s’occupera exclusivement de son enfant pendant un an. Dès qu’elle le peut, elle retourne au quotidien, en immersion pour une année de plus. En 2009, elle rencontre l’association française « Reporters Solidaires ». Pendant trois ans, elle suivra toutes leurs formations et animera dans son quotidien la rubrique « Tribune de la femme ». Son français s’améliore à l’écrit, elle économise pour s’inscrire en licence de communication à l’Institut Supérieur des Filières Spécialisantes de Bobo-Dioulasso. Si l’utilisation du web au Burkina Faso est loin d’être aussi importante qu’en Europe, Bassératou s’est très vite intéressée aux blogs et aux réseaux sociaux, une manière différente de communiquer et de diffuser ses articles ou ceux de ses confrères. Dès 2010, ses connaissances en la matière lui permettent de gérer la mise en ligne de la totalité des articles du site de l’Express du Faso.

Promouvoir la femme et partager l’information à travers les TIC
En 2011, Bassératou décide de créer son propre blog « Tribune de femme » pour diffuser ses articles sur la toile. Depuis sa création, elle a reçu plus de 45 000 visites ainsi que de vifs encouragements à travers les commentaires. En 2013, elle s’inscrit à un concours du Ministère de la Communication et reçoit le prix de la nouvelle catégorie « Blogs, réseaux sociaux et pure-player ». Très active sur le web, elle partage quotidiennement des articles internationaux et nationaux depuis ses comptes Twitter et Facebook. Lorsqu’on lui demande si internet lui permet de s’exprimer différemment elle répond qu’il est possible de prendre plus de libertés, mais qu’en tant que journaliste, elle ne peut se permettre de prendre position, en particulier concernant la situation politique du Faso. Plusieurs fois, des commentaires ou des messages à son attention l’ont accusée d’être partisane ou de trop mettre en avant tel ou tel parti politique. Même si les blogs et les réseaux sociaux sont censés être une expression personnelle, son statut de journaliste la pousse à rester impartiale dans ses écrits.

 

Des formations à l’étranger parfois difficiles à restituer au Faso
En 2013, grâce à l’association « Reporters Solidaires », la jeune journaliste bénéficie d’un semestre en France à l’ en Master 2 « Nouvelles Pratiques Journalistiques ». Elle ne ménage pas ses efforts pour se mettre à niveau : quand Lyon 2 forme ses étudiants sur WordPress, c’est depuis Blog for Ever que Bassératou travaille. Nourrie de cette expérience, elle retourne au Burkina avec l’envie et de nouveaux acquis. Invitée pour une formation à Dakar sur le data journalisme, elle déplore ne pas avoir les moyens de mettre en place ce type de technique dans son pays, qui pourtant en manque cruellement.
Concernant le blog, l’initiative de créer un réseau de blogueurs interne au Burkina et de se rassembler fonctionne tant bien que mal. Selon Bassératou, il est difficile de se retrouver pour échanger, car beaucoup des actifs se trouvent à la capitale. De plus, la pratique du blog n’étant pas rémunératrice et l’accès à internet souvent défaillant, beaucoup abandonnent leur démarche, même s’ils acquièrent une certaine visibilité. Bassératou elle, réussit à vivre de sa passion pour le journalisme et ne désespère pas de continuer à être active sur le web, pour le plus grand plaisir de ses lecteurs.

Portrait rédigé par Mathilde Regis