La presse magazine en ligne ou comment l’instantanéité est entrée dans les rédactions

 

Depuis le début des années 1990, la presse magazine, tout comme les autres médias, a du s’imposer sur le web. Ses codes se sont transformés jusqu’à intégrer une nouvelle dimension temporelle, celle de l’instantanéité.

Les médias doivent être partout, tout le temps, afin de saisir les informations dès leur apparition et décrocher le « scoop ». Pour autant, il n’y a pas de concurrence entre les deux supports que sont la presse magazine et l’internet mais bien une complémentarité. Comme l’explique Jean-Louis Servan-Schreiber, directeur de publication du magazine Clés, dans un entretien pour le site pressemagazine.com, « notre magazine ne peut exister aujourd’hui que parce qu’il y a Internet, que la totalité de la connaissance humaine est accessible à chaque individu. L’info vient à vous  et c’est formidable ». Les rédactions l’ont bien compris : apparaître sur Internet permet d’offrir des informations plus « chaudes » au lecteur. Le magazine Elle s’en est fait l’exemple sur son site elle.fr, avec un « fil info », qui relaie au moins 3 nouveaux articles par heure, comme le font les grands quotidiens. Même procédé pour le site capital.fr, version web de l’édition print Capital, qui a intégré cette immédiateté en proposant des informations économiques 24h/24h, ainsi que l’évolution des places financières en direct.

 Capture d’écran du magazine elle.fr le 16-10-2013

Toujours plus vite au sein des rédactions

Rechercher des sujets dans cette toile d’informations, modérer les commentaires et apporter un « service après-vente » des articles, enrichir les contenus rédigés par du son et des vidéos est un travail à temps plein. Ainsi sont nées les rédactions à deux temps, dont une partie s’occupe de l’édition papier et l’autre de publier sur le web. C’est la méthode qu’utilisent les médias français, même si beaucoup tentent de plus en plus de fonctionner sur un modèle bimédia, où le journaliste publie sur les deux supports. Un travail de longue haleine, qui doit encore faire ses preuves, notamment en termes de crédibilité. « A l’imprimé reviennent le long, le fond, l’approfondissement; [au web], l’immédiateté, l’interrelation avec le public ou la combinaison des récits par le texte, le son, l’image et les liens,» défendent Benoît Grevisse et Amandine Degand dans le livre Journalisme en ligne.

Les réseaux sociaux, nouvelles mines d’informations

Pour entrer pleinement dans cette révolution temporelle, la presse magazine s’est aussi installée sur les réseaux sociaux, comme Facebook ou Twitter, dont le principe même est un fil d’actualités. Ils leur permettent ainsi de relayer des articles plus rapidement, mais aussi d’attirer de nouveaux lecteurs, plus enclins à consulter leurs tweets qu’à acheter un magazine en kiosque. De cette façon, les rédactions de presse magazine sont lentement passées d’une offre « pull », où le lecteur sélectionne son magazine en rayon et choisit les rubriques qui l’intéressent, à une logique dite « push », où le magazine s’impose au lecteur à travers différents supports (tablettes, applications smartphones, flux RSS). Les réseaux sociaux sont ainsi entrés au cœur du journalisme et de la presse magazine. Si les rédactions y relaient leurs informations, ils leur permettent aussi de repérer des sujets selon les tendances. Twitter et son principe de hashtags rallient ainsi un maximum d’usagers en quelques heures parfois, jusqu’à créer du « buzz ». Une mine d’informations pour les journalistes, qui se sont habitués à utiliser ces réseaux et qui peuvent aussi interagir avec les lecteurs à travers les commentaires. Attirer le lecteur en 140 signes sera l’un des défis de la presse magazine pour garder autant de crédit qu’elle n’en a dans les kiosques.

Retrouvez le reportage de France24 sur l’utilisation croissante de Twitter dans les rédactions: Twitter, nouvelle machine à scoops ?

http://www.france24.com/fr/20110604-2011-06-04-0946-wb-fr-le-net

Article rédigé par Gaëlle Legrand