Le 8 février 2012, le groupe américain AOL créait une première édition régionale au Canada en lançant le Huffington Post Québec. Après avoir soufflé sa première bougie, l’heure est désormais au bilan pour ce pure player. Avec de solides résultats, l’équipe de Patrick White, éditeur et rédacteur en chef, se projette déjà sur de nouveaux projets innovants pour 2013.
Arianna Huffington, co-fondatrice du Huffington Post,
lors du lancement du Huffington Post Québec,
le 8 février 2012, à l’Hôtel Gault de Montréal (Photo : Victor Diaz Lamich)
« Notre succès surpasse nos attentes ». Dans un entretien accordé à Infopresse, Patrick White se félicite de l’année écoulée du côté du Huffington Post Québec. Voilà déjà un an que l’édition québécoise a vu le jour. Un an de travail, de progrès et de réussite. Car depuis son lancement, le site n’a cessé de voir croître son audience. Le nombre de visiteurs uniques a notamment augmenté de 197% depuis février 2012, selon les statistiques fournies par comScore. 315 000 visiteurs uniques mensuels parcourent ainsi les différentes pages proposées par le groupe. Calqué sur ses grands frères, le site québécois se développe progressivement. « De quatre journalistes permanents, notre équipe a doublé au cours de l’année pour grimper à neuf journalistes qui couvrent l’actualité », note ainsi Patrick White, avant d’ajouter que « quatre représentants publicitaires se sont joints à nous, alors qu’auparavant, la gestion publicitaire était centralisée à Toronto ».
« Les blogues d’opinion, les nouvelles du jour et le contenu viral », Patrick White
Stratégie typique du groupe d’Arianna Huffington, co-fondatrice du site américain en 2005, racheté en 2011 par America Online (AOL), le Huffington Post Québec tire sa « force » de trois éléments majeurs, selon Patrick White : « les blogues d’opinion, les nouvelles du jour, et le contenu viral ». Un contenu viral extrêmement important puisque le journal a décidé de faire la part belle à la communauté internet. Pour preuve, la page Twitter a près de 23 000 followers alors que la page Facebook a plus de 22 000 abonnés. Ajoutez à cela un attrait typique du groupe pour le développement des blogues, le site se popularise au fil des semaines.
Pour autant, cela n’a pas été toujours évident. Une polémique était même née, il y a plusieurs mois, concernant l’intense utilisation de blogues non rémunérés pour alimenter la diffusion d’information. Certaines voies se sont élevées, considérant ce bénévolat comme dangereux, voire destructeur pour le secteur de la presse. Pas de quoi affecter durablement le site qui a vu son nombre de blogueurs croître pour flirter désormais avec la barre des 400 contributeurs. Si bien que le Huffington Post Québec semble s’être inscrit dans le paysage médiatique québécois. « Les radios nous citent régulièrement, les télés invitent nos journalistes et blogueurs pour avoir leur point de vue. Petit à petit, le « HuffPost » a fait sa place au Québec », se félicite Patrick White.
Une utilisation « incontournable » des blogues d’opinion
Un constat que dresse également Nicolas Laffont. Pigiste dès les premières heures du site, ce journaliste français, expatrié au Québec, juge désormais « incontournable » d’utiliser les blogues d’opinion pour alimenter le débat de l’information. « On ne peut pas ne pas donner la parole à certains experts/politique/acteurs de la nouvelle. C’est sur une base volontaire, c’est-à-dire que ce sont les gens qui contactent le « Huff Post », disent qu’ils aimeraient écrire un papier sur tel ou tel sujet et hop (sic), le site le publie», commente-t-il pour Horizons Médiatiques. « Est-ce qu’un journaliste paye pour faire une interview avec des experts? Non. Alors je ne vois pas pourquoi il faudrait le payer pour qu’il donne son avis », tranche-t-il.
L’exclusivité au service de l’information
Si le site a pu d’ores et déjà se fondre dans le paysage médiatique québécois, c’est aussi grâce à l’exclusivité des informations dévoilées tout au long de l’année. Lui-même éditeur et rédacteur en chef d’un site internet d’informations de défense et de sécurité, tant canadiennes qu’internationales, Nicolas Laffont est « le spécialiste en affaires militaires » du Huffington Post Québec. Il a ainsi pu couvrir de nombreux sujets grâce au soutien de Patrick White et de son équipe. « Pour eux je suis allé à Hawaï, dans l’Arctique, au Texas, en Afghanistan,… », commente-t-il.
De nouveaux projets pour 2013
Pour Nicolas Laffont, l’année écoulée a permis au pure player québécois de se forger une identité pour appréhender l’avenir. « Le site a eu plusieurs scoops intéressants, il a une bonne équipe de journalistes et de blogueurs. Alors maintenant que cette base est bien installée, le site doit continuer à aller chercher des scoops, essayer de se démarquer des autres, faire des partenariats, développer ce qui marche et laisser tomber ce qui ne marche pas », analyse-t-il. De son côté, Patrick White promet déjà de nouveaux projets pour agrémenter l’année à venir. « 2013 sera une grande année de croissance pour AOL au Québec. Nous prévoyons en effet lancer le site « Autoblogue Québec » en mars pour bien couvrir le monde de l’automobile. Nous explorons aussi d’autres idées de site pour cette année », dévoile-t-il.
« C’est dans la durée que le Huffington Post va s’installer », Thierry Watine
Quoi qu’il en soit, le Huffington Post Québec a encore beaucoup à prouver. Si les premières performances sont intéressantes, une confirmation est attendue pour parler de véritable réussite. Pour Thierry Watine, professeur titulaire du Département d’information et de communication de l’Université Laval, tout reste à faire pour ce nouveau pure player. « Une entreprise de presse, comme toute entreprise, la première année, ça ne veut pas dire grand-chose. C’est dans la durée que le « Huffington Post va s’installer » », assure-t-il. En attendant, le Huffington Post Québec a soufflé sa première bougie entre satisfaction et ambition.
Interrogés lors du lancement du site, le 8 février 2012, Stéphane Baillargeon, journaliste au Devoir, et Marie-Claude Ducas, journaliste indépendante et blogueuse au Huffington Post Québec, nous livrent deux visions différentes de l’apport de ce nouveau portail d’information dans la Belle-Province (Crédits : ProjetJ)
Article rédigé par Gaetan Barralon