En 2011, plus de 35 journalistes ont été tués en Amérique Latine, faisant du continent la région la plus hostile à la profession. La liberté de la presse y est grandement mise a mal, entre tentatives de contrôle par les autorités, autocensures et menaces extérieures.
D’après l’ONG CEP (Campaña Emblama de Prensa), le Mexique occupe la première place des pays les plus dangereux du monde avec le taux record de 12 journalistes disparus en 2011. En 2012, la situation n’était guère mieux. Plus de 69% des journalistes mexicains affirment avoir subi des attaques ou des menaces au moins une fois, en rapport avec leur exercice, et 96% d’entre eux connaissent des confrères ayant subi ce genre d’attaques. En mai 2012, 6 journalistes ont été assassinés en moins d’un mois, alors qu’ils enquêtaient sur des sujets tels que le crime organisé ou la guerre contre le trafic de drogue dans leur pays. Regina Martinez, correspondante pour la revue Proceso, tuée en avril 2012, travaillait sur les réseaux criminels et la corruption dans la sphère politique. “Regina exerçait dans un environnement très hostile. Lorsqu’un article dénonçait une quelconque pratique illégale dans l’Etat de Veracruz, où elle travaillait, miraculeusement la revue se retrouvait en rupture de stock dans les kiosques. Tous les exemplaires étaient achetés afin d’en empêcher la circulation”, raconte la bloggeuse Alejandra Rivas. Malgré la sommation de nombreuses organisations telles que les Nations Unies, Amnesty International, les criminels présumés n’ont quasiment jamais été traduits devant la justice. La menace reste donc permanente pour ceux dont le travail – essentiel au bon fonctionnement de la démocratie – est de faire entendre la vérité. Alors comment vit-on lorsqu’on est journaliste dans le pays le plus hostile à la profession ? Dans cette vidéo, les journalistes expliquent qu’ils suivent des mesures strictes, avec des formulaires de sécurité à remplir lorsqu’ils partent en reportage, traçage par GPS par leurs collègues et supérieurs hiérarchiques, travail en groupe…
Vigilance internet
Pour le crime organisé comme pour le gouvernement, les internautes représentent une véritable menace, ayant acquis une influence grandissante ces dernières années. Ainsi, en particulier par rapport aux nouvelles technologies, les journalistes mexicains doivent redoubler de vigilance. Lorsqu’ils utilisent internet, les réseaux sociaux, les applications mobiles, ils exposent leur identité aux pirates du numérique. 35% affirment avoir eu leurs boite mails piratée, 33% avoir été espionnés durant leur navigation sur internet. Il leur est ainsi primordial de se former à la sécurité digitale. Les nouvelles pratiques journalistiques que constituent le web et les récentes technologies leur permettent donc certes de mieux informer la population, mais les exposent d’autant plus aux attaques des hostilités.
D’après Roger Parkinson, membre de l’International Press Institute, le vrai progrès adviendra lorsque les meurtriers seront derrière les barreaux… En cela, nul ne saurait le contredire.
Article rédigé par Anne-Yasmine Machet