Il décrasse les vieux fanzines de papa et en donne une version 2.0. Décryptage d’un magazine culturel numérique pas comme les autres
« L’idée c’est de rassembler tout le monde, de proposer le plus de choses possibles, des choses pratiques, mais pas que. C’est d’être toujours là quand on a besoin aussi. » Voilà la réponse de David Creuzot, fondateur et rédacteur en chef du site, quand on lui demande ce qu’est Konbini.
A l’origine un Konbini est l’un de ces magasins fourre-tout, une sorte de caverne d’Ali Baba à la japonaise. Dans le même esprit, Konbini, le mag, est un débarras culturel numérique. Il voit le jour à la rentrée 2008. A sa création, un site 100% vidéo avec des programmes essentiellement culturel : musique, mode, cinéma. Des sujets « à la fois pointus et trendy » selon David Creuzot, interrogé par le Nouvel Obs. Pourquoi se contenter d’être une vidéothèque? Pour enrichir ses contenus, Konbini décide en mai 2012 de se lancer dans une nouvelle version du magazine centrée d’avantage sur la publication d’articles en tout genre. Le magazine touche alors un plus large public et accuse, de fait, d’une plus grande notoriété auprès des ‘teens’. Ça tombe bien, le web mag s’adresse aux jeunes de moins de 25 ans : « notre cible? De plus en plus précoce et très connectée » explique le rédacteur en chef.
Les « pop news » très colorées de Konbini : la formule 2.0
Autant sur le fond que sur la forme, tout est fait pour attirer l’œil du lecteur pré ou post adolescent.
Sur le fond. Les sujets sont tournés vers les intérêts des jeunes. L’objectif étant d’« offrir un média pour les jeunes de moins de 25 ans, surconsommateurs du web » explique David Creuzot. Cibler les moins de 25 ans pourquoi pas, mais la vie d’un enfant de 12 ans n’est pas la même qu’un adulte de 25. Heureusement Konbini possède LA solution. C’est un magazine éclectique qui propose énormément de choses. Pour se différencier de la sphère des web mag culturel, il publie des articles truculents sur des sujets improbables. Des pépites en or balancé à la figure des internautes amateurs de culture pop. Le mag est en quête perpétuelle d’une info rare et catchy. Le sexe, la drogue, la musique, le cinéma, les infos insolites, tout est bon à prendre tant que c’est abordé de manière décalée, avec humour et un véritable franc parlé. Les auteurs : des étudiants, et des jeunes diplômés, tous baignent dans la même marre au canard bariolé rouge, bleu et jaune. Las d’une info en continue et robotique, des apprenties journalistes se dévoilent à travers un support original tel que Konbini. Le ton est clairement atypique parce que les auteurs des papiers ont tous à cœur la production d’un contenu hors norme. Écrit par des jeunes pour des jeunes c’est un web mag incontestablement décomplexé. On aime le côté provoc’ et sans gène de ces articles bien ficelés. Les rubriques sont variées entre Lifestyle, 3.0, Music ou Culture, surfer sur Konbini devient vite une vilaine habitude.
Sur la forme. Un pure player né dans l’ère du web 2.0, un web contributif qui repose sur l’échange, le partage des infos entre journalistes et lecteurs. Une interaction est créée : le lecteur est désormais un véritable acteur du site.
Une vidéothèque reconvertie
Un ancien vidéodrome numérique reconverti en magazine, voilà ce que propose Konbini. Une double approche intelligente qui permet au site de brasser un plus grand nombre d’internautes. Aujourd’hui l’audience est estimée à 400 000 visiteurs uniques par mois soit 3 millions de pages vues : « 80% de l’audience est drainée par les réseaux sociaux. Nous avons de la chance d’avoir une communauté fidèle », explique David Creuzot. Des vidéos en tout genre, mais toujours en rapport avec l’actualité culturelle. Petit aperçu ici.
Toute l’originalité de ce webzine repose sur l’importance accordée aux vidéos et c’est ce qui le distingue aujourd’hui des centaines autres magazines en ligne. Le parti pris de Konbini : intégrer un support multimédia tel que la vidéo pour rendre le contenu plus attractif. Pari réussi.
Jessika Lombardie rédactrice en chef du webzine musical Take a Drag or Two et lectrice de Konbini possède un regard nuancé sur le mag : « je trouve qu’ils ont quelques bons articles de fond, on trouve souvent des bonnes plûmes. Après je trouve que des fois ils cherchent un peu trop le débat pour faire gagner du clic, sur des sujets assez facile genre Fauve. Et vu que c’est aussi une agence, ils sont forcément super subjectifs dans leurs choix rédactionnels ».
Magazine ou agence de pub ?
En plus d’être un magazine hyper branché, Konbini est une agence de pub. Un groupe qui produit des publicités de qualité.
« Chez Konbini, nous considérons que la pub doit être un moment de plaisir, c’est un divertissement. Je pense que beaucoup de publicitaires pensent trop ‘consommateur’ et pas assez ‘public’. L’énergie et la fraîcheur c’est la clé » David Creuzot.
Se divertir, une priorité pour cette agence un peu particulière. Un double jeu difficile à assumer, surtout quand on s’impose comme un des leaders français de la presse numérique en matière de pure player culturel. Ça fonctionne plutôt bien, mais pose, aussi, des problèmes de légitimité ?
Journalisme ou communication, pourquoi choisir ?
Le job d’un journaliste c’est de rapporter des faits et de les commenter en essayant d’être le plus impartial possible. L’objectif de la communication, en revanche, et surtout quand il s’agit de publicité, est de vendre un produit ou de faire adhérer le public à une idée bien spécifique. Deux logiques différentes que le webmag a décidé de confronter au sein d’une même entreprise.
Accolé à la marque Konbini, une rédaction et une agence de pub : « Une plate-forme interactive de divertissement légale et gratuite qui a pour objectif de fédérer à la fois les marques soucieuses de toucher les 15-35 ans, les jeunes avides de nouveaux contenus et les producteurs qui souhaitent monétiser leurs idées, en diffusant sur Internet avec de nouveaux formats des contenus audiovisuels, premium et exclusifs – musique, séries et événements spéciaux – en symbiose avec l’univers des marques » explique David Creuzot dans une interview pour Stratégie.
Rien de bien méchant. Konbini enfile son costume d’agence publicitaire et offre aux annonceurs une manière différente de communiquer auprès de leur cible de prédilection, les jeunes. Comment ? L’intérêt est de faire des publicités en accord avec le ton du magazine : coloré, sucré, amusant et original. Le tout est d’attirer l’œil du jeune. Les marques sont en adéquation totale avec le mag. Une manière très avantageuse pour les annonceurs de communiquer avec la cible Konbini.
« Notre conviction, qui n’est pas partagée par tout le marché, est qu’il faut privilégier les contenus et d’abord intéresser une cible – en l’espèce les jeunes – avec des divertissements de qualité. Cela implique que les marques soient moins intrusives et n’interviennent pas dans la conception des contenus au risque d’en diminuer l’attraction, mais qu’elles apparaissent en parallèle du contenu. La publicité sur les programmes devient un produit dérivé du programme ».
La publicité est une valeur ajoutée au mag, pas plus. D’ailleurs l’agence est accueillie sur un site différent de celui du webzine. Magazine d’un côté, publicité de l’autre : la distinction est assurée. Pas de mélange possible. La légitimité de Konbini reste intacte : « certes c’est l’avenir des agences de publicité, mais ce n’est pas notre métier. Nous nous voyons plus comme un média, une chaîne, qui doit donc avant tout gagner l’adhésion du consommateur et conserver une certaine intégrité artistique. »
En bref, ce pure player est une référence en matière de webzine culturel au même titre que ses aînés Vice ou Brain magazine. Spécialisé en parallèle dans l’advertainment, il s’inscrit désormais dans la liste foisonnante des pure players pop culture à destination des jeunes.
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Article rédigé par Magalie Homo