À l’heure où l’information se partage de plus en plus via les réseaux sociaux, certains gestionnaires de flux, tels Google Reader, sont en perte de vitesse. Pour fournir aux lecteurs une information pertinente, l’application mobile Flipboard mise sur la participation de ces derniers.
Composer ses propres magazines en sélectionnant leurs contenus à partir d’autres médias… et devenir une source d’information pour les autres utilisateurs. Voilà ce que propose la nouvelle mise à jour de l’application mobile gratuite Flipboard, inaugurée le 27 mars 2013 sur les supports iPad et iPhone. En rendant ses usagers de plus en plus actifs dans le processus de tri de l’information, l’application propose une nouvelle manière de la consommer. Et le succès semble au rendez-vous. Selon le site de Flipboard, plus de 100 000 « magazines » auraient été créés dans les 24 heures suivant le lancement de la version 2.0.
Conçue aux États-Unis en 2010 par Mike McCue et Evan Doll, la première édition de Flipboard permet alors à ses utilisateurs de cibler leurs centres d’intérêt, en choisissant les thèmes dont ils souhaitent suivre l’actualité, et leur format – texte, photo ou vidéo. Elle fonctionne comme un agrégateur d’informations : elle regroupe, sur les sujets choisis, des flux RSS mais aussi des contenus issus des réseaux sociaux, que l’utilisateur peut connecter à son compte Flipboard. Si le lancement sur iPhone et iPad remonte à 2010, la version Android n’existe que depuis 2012. Depuis ses débuts, l’originalité de l’application sur ses consoeurs possédant la même fonction tient principalement à son aspect esthétique. Sur Flipboard, les contenus sélectionnés se présentent sous la forme d’un magazine virtuel au design épuré, que le lecteur peut « feuilleter » d’un simple « glissement » sur sa tablette ou son smartphone. D’après le site Internet de Flipboard, l’application entend « transformer la façon dont les gens découvrent, consultent et partagent des contenus en combinant la beauté et la facilité d’utilisation d’un magazine imprimé avec le pouvoir des médias sociaux ».
Quand les lecteur jouent les éditeurs
Mais les possibilités de Flipboard ne s’arrêtent pas là. Dans la version 2013, les fonctionnalités de l’application s’élargissent, et le pouvoir de l’utilisateur avec elles. Désormais, en plus de feuilleter « son » support composé par Flipboard, il peut créer ses propres magazines, rendus publics ou privés. Techniquement, le principe est très simple. En cliquant un bouton « + » situé en bas de chaque article qui apparaît sur l’interface, le lecteur peut sauvegarder les contenus et les organiser par centres d’intérêt dans des « magazines » regroupés sur sa page Flipboard. Il récupère également des liens publiés sur les réseaux sociaux ; Facebook, Twitter, Instagram, Soundcloud, LinkedIn et Tumblr pour ne citer qu’eux
Les magazines Flipboard, en version iPod (à gauche) et iPad (à droite)
Pour faciliter cette collecte de contenu, Flipboard a amélioré son outil de recherche. Situé en haut de chaque page de l’application, celui-ci permet d’en faire l’exploration par sujets, mots-clés, mais aussi par hashtag, comme sur Twitter. Pour rendre plus pertinentes les compositions des lecteurs, Flipboard leur propose également des recommandations personnalisées.
Le nombre de revues ainsi concevable est de 144 par personne. Si l’agencement des informations à l’intérieur de chaque magazine est généré par l’application, c’est l’utilisateur qui en choisit le nom, la description et la photographie de couverture. Et le contenu des magazines n’est pas exclusivement issu des publications visibles sur Flipboard. S’il le souhaite, l’usager peut également récupérer des informations directement sur le web. Pour cela, il lui est possible d’ajouter un bouton de bookmarklet (marque-page) Flipboard directement sur son navigateur. D’un simple clic, il peut ensuite épingler les contenus qui l’intéressent pour les inclure dans ses magazines.
Un réseau d’utilisateurs au service de l’information
Cette collecte d’information permet non seulement une lecture en différé, mais également un partage des contenus. En effet, si l’utilisateur peut décider de privatiser les magazines créés, ceux-ci sont par défaut publics. En cliquant sur le ruban rouge « By our readers » dans l’application, les lecteurs ont ainsi accès au contenu agrégé par d’autres personnes. Ces sources leur permettent de visualiser une quantité d’informations toujours plus importante. Leur apparence ne diffère pas des sélections faites par Flipboard lui-même. Afin de valoriser cette fonctionnalité, dès la première semaine d’existence de sa version 2.0, Flipboard a ainsi mis en avant sur son blog une sélection de magazines créés par les utilisateurs et jugés pertinents.
Ces magazines deviennent ainsi de véritables outils de curation, renforcés par la mise en place d’un véritable « réseau social » au sein de l’application. Comme l’explique Flipboard à TheNextWeb, « les magazines sont publics, ils peuvent développer une audience et les autres peuvent aimer des publications, commenter les posts ou même souscrire aux magazines des autres. Quand les gens interagissent avec un magazine, le curateur le sait grâce aux nouvelles notifications. » Ces notifications apparaissent dans la barre latérale de l’application.
Et le partage des contenus compilés ne se limite pas à la seule interface de Flipboard. Il est également possible de diffuser les magazines par e-mail, ou via les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Google +. Les plateformes sont imbriquées les unes avec les autres, si bien qu’un commentaire fait sur Flipboard à propos d’un contenu publié sur un site peut être visible sur un réseau social extérieur. Cependant, si les liens sont consultés sur le web, il faudra télécharger l’application pour avoir accès au contenu. Cette technique a pour but d’accroître encore et toujours le public de Flipboard, qui est déjà utilisé par 50 millions de personnes à travers le monde.
Une alternative à la disparition de Google Reader ?
Si ce réseau d’utilisateurs est en plein essor, certains vont jusqu’à y voir un remplaçant d’autres agrégateurs de flux obsolètes. Notamment du gestionnaire de flux RSS Google Reader, dont la disparition prévue en juillet 2013 a été annoncée ce mois-ci. Sur Presse-Citron, le consultant Valentin Pringay dénonce ainsi l’inefficacité des flux RSS. Il les estime trop complexes pour le grand public. Et néanmoins pas assez perfectionnés pour les professionnels, car leur filtrage n’est pas assez puissant pour éviter un trop-plein d’informations. Quant aux réseaux sociaux comme Twitter et Facebook, Valentin Pringay juge qu’ils ne sont pas suffisamment concentrés sur un sujet précis. Il insiste donc sur l’avantage de cette nouvelle version de Flipboard, qui permettrait d‘accéder à des informations ciblées et pertinentes, si les magazines sont composés par des « personnalités influentes ». Il désigne ainsi des professionnels à la légitimité attestée. Mais pour que cette curation fonctionne, il faut que ces personnes aient une motivation à utiliser l’application. Valentin Pringay souligne qu’à long terme, l’une des solutions pour assurer une curation efficace serait de les rémunérer, donc de faire payer les utilisateurs de Flipboard qui est pour l’instant un outil gratuit.
Article rédigé par Léa Bucci