Radio-Canada en deuil

Tout de noir vêtus… Les employés de Radio-Canada voulaient marquer un triste anniversaire : le premier du dernier volet d’un plan de restructuration du diffuseur public. Licenciements de masse, réorganisations, perte de qualité des programmes… Pour les syndicats, les récriminations sont nombreuses.

13771017934_c7c8f240f8_bPour ce « vendredi tout en noir », l’humeur était morose dans les locaux de Radio-Canada. 1 300, c’est le nombre d’employés qui, selon les syndicats, ont été licenciés depuis un an. En effet, à la même date l’année dernière, Hubert T. Lacroix, président de CBC/Radio-Canada, annonçait le dernier volet d’un plan de restructuration de la société canadienne.

En plus de ce projet de restructuration : une pluie de compressions économiques imposées par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Dernière en date, une ponction de 115 millions de dollars au nom de la réduction du déficit gouvernemental. Selon le président de Radio-Canada, une fois tous les ajustements effectués, ce programme économique pourrait atteindre jusqu’à 200  millions de dollars.

Côté humain, les chiffres sont aussi impressionnants. Selon les syndicats, pas moins de 3 000 personnes auraient déjà été licenciées par le groupe depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir, en 2006. Et le plan de licenciement ne s’arrête pas là… En juin dernier, Hubert T. Lacroix avait confirmé la suppression de 1 500 postes supplémentaires d’ici 2020. D’ici-là, Radio-Canada devrait donc perdre 25 % de ses effectifs.

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Journalistes, techniciens, agents de maintenance… six syndicats continuent donc de tirer la sonnette d’alarme face à ces plans de licenciements successifs.

Aujourd’hui, les employé-es de Radio-Canada de tout le pays et de toutes les unités syndicales se rassemblent dans le deuil. Ils soulignent la disparition de milliers de collègues ainsi que la perte de nombreuses émissions de radio et de télévision. C’est un nouveau cri d’alarme devant la noirceur qu’installe graduellement le gouvernement Harper à Radio-Canada. Le rythme des congédiements est insensé et mène à la disparition de notre producteur et diffuseur public

— Déclaration des présidents des six syndicats de CBC/Radio-Canada

Dans ce combat, les syndicats ne sont pas seuls. Quelques regroupements citoyens ont aussi vu le jour ces derniers mois. « J’aime Radio Canada » et « Radio-Canada, j’y tiens ! » font partie de ces entités qui défendent certaines valeurs du diffuseur public, et qui s’élèvent contre les suppressions de postes successives.

L’une des inquiétudes persistantes ? L’influence de ces coupes budgétaires et professionnelles sur la qualité des programmes proposés par Radio-Canada.

Alors que certains tentent de rassurer :

On est vraiment dans une période de restructuration, on est capable de repenser nos méthodes de travail vont nous permettre de livrer autrement mais à moindre coût ce qu’on a à faire

— Richard Simoens, directeur de radio-Canada Acadie

Pour d’autres, le constat est plus sombre…

Il y a eu des compressions en avril, en octobre et en décembre 2014 et maintenant, celles d’aujourd’hui. Et c’est sûr que lorsqu’il y a moins de gens pour faire le contenu, ça a un impact sur la qualité de ce qu’on diffuse

— Isabelle Montpetit, présidente du Syndicat des Communications de Radio-Canada

Sur les réseaux sociaux, syndiqués et employés affichent fièrement leurs habits noirs, symboles du deuil qui pèse sur les salles de rédaction et autres locaux du groupe. #RCendeuil #CBCFadeToBlack

« Top Contributeur », le cadeau empoisonné des éditeurs ?

Capture d’écran de la page d’accueil de « Top Contributor ».

 Quelques jours seulement avant que Bruxelles ne prescrive — symboliquement — son démantèlement pour pratiques anticoncurrentielles, Google a lancé « Top Contributor » : un nouveau service qui permet aux internautes de contourner la publicité sur internet en rétribuant « directement » les éditeurs. Une décision étonnante du mastodonte américain quand on sait que 90 % du chiffre d’affaire de l’entreprise est issu de la publicité. Le roi Google aurait donc abdiqué ?

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Du qualitatif au quantitatif : entre logique éditoriale et dictature du clic

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Capture d’écran de la page d’accueil du site Google Analytics

A l’heure de la convergence médiatique, un certain nombre d’organes de presse, comme le très prestigieux New York Times, ont indubitablement du mal à négocier le virage du numérique. Particulièrement réputé pour la qualité de ses productions éditoriales, le célèbre quotidien new yorkais n’a, pour l’heure, pas encore trouvé son modèle économique sur le web. Chartbeat, XiTi, Google Analytics : les exigences du web journalisme semblent désormais bien loin de l’unique logique éditoriale. Qu’en est-il de la qualité journalistique sous la nouvelle dictature du clic ?

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Search Box : l’ultime provocation de la menace Google ?

google_tips_tricksSi Google constitue un formidable outil de référencement et d’indexation sur internet – en situation de quasi-monopole en Europe –, le mastodonte américain apparaît également, plus que jamais, telle une redoutable menace pour les éditeurs web et plus particulièrement les éditeurs de presse. Le partenariat d’hier semble avoir définitivement laissé sa place à une véritable concurrence, à tel point qu’un groupement anti-trust d’éditeurs européens – nommé « Open Internet Project » (OIP) – s’est constitué il y a quelques mois pour militer contre certaines pratiques du géant américain. « Dernière perfidie en date ? » L’arrivée de la « Search Box ».

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